Dans des contrées où la guerre, omniprésente, est un fléau qui n’a de cesse de détruire les populations, les récoltes des paysans et de faire chuter au plus bas les plus riches comtes, barrons, rois, valets et chevaliers, il est une garde dont l’accès est restreint aux plus habiles combattants, capables de rivaliser d’escrime avec les maîtres d’armes les plus aguerris. Cet assemblage hétéroclite d’hommes de main d’une riche seigneurie, d’anciens criminels voués à la garde pour échapper à la prison, de vétérans endurcis forme à lui seul une troupe complète de soldats que  rien ni personne n’a plus la force d’arrêter.

Parmi cette troupe valeureuse, imbattable et inébranlable, se trouve une femme. Et cette femme, Flore, la première à avoir jamais ne serait – ce que toucher aux plaisirs du fer se retrouve, non sans railleries, propulsée au sein de cette troupe. Forte comme un vétéran de vingt ans ses aînés et douce comme une princesse, ses qualités dépassent l’entendement que peut logiquement admettre un soldat normalement constitué. Si les coups qu’elle porte sont les coups normaux de n’importe quel soldat, sa vitesse d’attaque et son agilité en font une bretteuse dont les qualités ne sont désormais plus à prouver.

Mais les faits d’armes de la troupe valeureuse que l’on surnomme généralement la  » Garde de la Rivière  » en raison de la localisation du bastion de la troupe : un petit château construit à flanc de rivière qui se fait irriguer par deux moulins ; ces faits d’armes ne seront plus rien en comparaison de la tâche que l’on vient de leur demander. En effet, les soldats de la baronnie félone Monthaut ont réussi à percer les défenses des alliés et c’est avec peur que l’on vient quémander brave aide à la Garde de la Rivière. Evidemment, les membres acceptèrent à l’unisson de prendre part au combat qui devait vraisemblablement se dérouler dans quelques prés et sous – bois à l’orée du bois des Murailles souvent nommé ainsi par la cour du château voisin.

Et c’est donc très logiquement que la Garde se met en selle sur ses chevaux harnachés de pièces d’équipement de rechange au cas où les leurs viendraient à se détruire avant l’issue du combat. Si la chevauchée pour rejoindre les dits prés est rapide, accéder à la tente de commandement l’est nettement moins au milieu de tout cet attirail de chevaliers rutilants, d’archers à la mine sombre, d’écuyers affairés et de lanciers préoccupés.

Parvenu à la tente, Flore déchevauche et se met aux côtés de ses compagnons pour se faire exposer le plan par le chef stratège tout fraîchement promu. Ce dernier, épaulé du baron allié et d’un homme de clergé au regard inquiet divulgue les détails pendant quelques dizaines de longues et interminables minutes. Des minutes qui semblent s’étirer en heure tandis qu’au loin, des bruits commencent à se répandre et à résonner.

Le front se trouve être très long, étiré et toute en longueur et il est donc décidé que chacun des dix chevaliers de la Garde de la Rivière prendrait la tête de l’un des groupes de combat pour parvenir à défendre cette vaste plaine et les bois propices aux embuscades.

Flore est affectée, malgré son aversion, pour ce type de milieu à l’une des plaines méridionales. En arrivant sur les lieux, elle se rend compte que cette plaine se trouve être une de ces plaines qui s’enfonce dans la terre si bas que les hommes pourraient être pris en tenaille par les deux bouts de la butte sur laquelle elle attend s’ils ne font pas attention.

Plusieurs dizaines de minutes s’écoulent ainsi tandis que les restes des troupes du baron allié se mettent en place sous les regards bienveillants de la Garde de la Rivière.
Mais soudain, un son semblable à celui d’une corne de brune résonne dans le soleil bien haut dans le ciel et c’est un véritable vacarme qui s’entend au loin : des roues qui s’entrechoquent sur le sol, des bruits de pas au nombre invraisemblable, des trépignements sur le sol et des bruits de cavalcade de cheval très probablement songe Flore…